« Si proche, mais si loin ». C’est en effet une énigme, que le Pakistan 🇵🇰 exploite pas totalement l’énorme potentiel de développement économique et social que sa position stratégique unique et une meilleure connectivité avec l’Asie centrale pourraient apporter.
En Eurasie, l’horizon ne se limite jamais au proche voisinage. Il s’agit d’atteindre le Moyen-Orient, l’Europe et de bouleverser la géo-économie en connectant la Fédération de Russie 🇷🇺 à la mer d’Oman à travers l’Asie Centrale 🇰🇿🇺🇿🇹🇯🇰🇬🇹🇲 et le Pakistan. Il s’agit d’hommes et de femmes ayant une vision et qui s’engagent dans un projet d’une portée historique et civilisationnelle : faire revivre les routes de la soie.
Ce livre est une lecture incontournable si vous voulez une vision claire et approfondie des défis et des obstacles pour atteindre cette connectivité. Je l’ai trouvé particulièrement informatif dans le contexte des chemins de fer et de trois projets spécifiques : la ligne de chemin de fer transafghane, le CPEC (corridor économique Chine-Pakistan) et les corridors CAREC (Programme de coopération économique régionale de l’Asie centrale).
Les chemins de fer présentent des avantages évidents en termes de sécurité, de capacité, de durabilité et de retombées, à la fois économiques (il y a toute une industrie technologique avancée derrière elles) et éducatifs en ce qui concerne la formation d’une main-d’œuvre qualifiée et la construction d’un écosystème entier autour d’elle (l’Ouzbékistan forme des ingénieurs ferroviaires afghans dans le cadre du programme ferroviaire trans-afghan).
Pourtant, les obstacles auxquels est confrontée la connectivité sont amplifiés dans le cas des chemins de fer, une industrie intrinsèquement complexe.
Des cadres réglementaires inadéquats et une capacité institutionnelle insuffisante ne contribuent pas à la complexité multipartite caractéristique des chemins de fer (entreprises ferroviaires, gestionnaires d’infrastructures, entités chargées de l’entretien, autorités de sécurité, etc.) et aux investissements lourds nécessaires aux infrastructures ferroviaires.
Gardons à l’esprit que nous avons affaire à une échelle qui éclipse tout ce que nous pourrions connaître en Europe (Rail Freight Network), avec un gradient culturel comparativement bien plus large de langues, de croyances et de visions de la vie.
Les obstacles techniques historiques hérités à l’interopérabilité (3 jauges différentes, russe, standard et large) n’aident pas, pas plus que les conditions climatiques difficiles qui varient des régions désertiques du Turkménistan aux hivers froids du Karakoram.
Ajoutez à cela des troubles politiques dans le hub central par définition (Afghanistan).
Bien sûr, la connectivité favorise l’interdépendance et finalement la stabilité, mais la causalité demeure dans un sens : la stabilité est un prérequis pour les grands projets d’infrastructure. Plus important encore, il s’agit d’un contexte de projets politiques concurrents et de chevauchement où chaque pays essaie de trouver le bon équilibre entre une intégration plus poussée et sa souveraineté, entre les puissances régionales et mondiales.
Ce livre explique cette énigme et aidera toute personne engagée dans ce rêve de faire revivre les routes de la soie !
