Turgenev_Assia

Assia, Tourgueniev

Il y a comme un air de déjà-vu et Tourgueniev ces mêmes absurdités et épreuves de la vie qu’il décrivait dans « Le journal d’un Homme de trop« .

une pièce abandonnée et sombre où quelqu’un apporte une chandelle

Pourtant, Tourgueniev va pousser la tragédie plus loin encore. Le personnage principal est encore à la force de l’âge lorsqu’il entre dans cette pièce sombre à la chandelle. Auparavant, il aura répété tant de fois dans son propre esprit ces mots qu’il souhaite dire à Assia. Manquer l’instant inattendu est une tragédie, manquer l’instant dans lequel on entre en pleine conscience est une douleur atroce. 

Un seul mot… Oh ! insensé que j’étais ! Ce mot… je l’avais répété la veille en pleurant, je l’avais dispersé au vent, je l’avais redit parmi les champs vides… mais je ne lui pas dit à elle, je ne lui avais pas dit que je l’aimais… Mais je ne pouvais alors prononcer ce mot. Quand je l’avais rencontrée dans cette pièce fatale, je n’avais pas encore clairement conscience de mon amour.

Quels vestiges subsistent de ce moment ? Une mémoire à laquelle on s’attache, la mémoire d’un sentiment unique, une brûlure à laquelle rien ne pourra être comparé plus tard dans la vie.

Et cette révélation : on ne peut pas s’attendre à être heureux demain

Le bonheur n’a pas de lendemain ; il n’a pas non plus de veille ; il ne se souvient pas du passé, ne pense pas à l’avenir ; il a le présent, et encore non pas un jour, mais un instant.

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