La littérature russe ne manque pas de chefs d’oeuvre autour du thème des prisons et de l’incarcération. Souvenirs de la maison des morts (Dostoïevsky) ou Tout passe (Grossman) sont des voyages vers les extr^mes tréfonds de l’âme humaine, seulement visibles au fond d’une cellule.
Les Sept Pendus est une de ces merveilles de littérature qui vous mêlent au paroxysme de l’angoisse, de la peur, des pensées existentielles, du courage, de l’héroïsme, du mysticisme et de la folie tel qu’ils se révèlent sur le chemin vers le mystère jamais résolu de la mort.
Ils partaient pour affronter, dans deux heures, le grand mystère jamais résolu, pour passer de la vie à la mort, et ils faisaient connaissance. La vie et la mort se déroulaient simultanément sur deux plans, et jusqu’à la fin, jusqu’au détails les plus insignifiants et les plus triviaux, la vie restait toujours la vie
Les Sept Pendus est le récit de de cinq jeunes personnes avec des velléités révolutionnaires qui voient leur tentative d’assassiner un ministre déjouée. Informé de son assassinat imminent, celui-ci va souffrir de cette profanation du secret sacré.
Ce n’est pas la mort qui est effrayante, c’est la connaissance que l’on en a ; il serait absolument impossible de vivre si on pouvait connaître avec exactitude et à coup sûr le jour et l’heure de sa mort
Deux criminels de droit commun vont rejoindre les cinq révolutionnaires. Ces deux criminels enrichissent l’oeuvre avec tout ce qui distingue et rapproche leurs pensées et souffrances dans la froide cellule..
Ce chef d’oeuvre est sombre et profond, mais tout à la fois riche d’une belle poésie…
Un vent tiède soufflait de la mer en amples rafales humides : on avait l’impression de pouvoir distinguer à l’oeil nu les infimes particules d’air frais qui s’envolaient toutes ensemble vers les lointains libres et sans limite
… et parfois de distrayants clins d’oeil vers la Russie profonde :
Nous autres, habitants d’Orel, nous sommes tous des têtes brûlées ! disait-il posément d’un ton judicieux. A Kromy et à Orel, les voleurs ont la vie belle ! Karatchev et Livny, les voleurs y font leur nid. Quand à Elets, question voleurs, c’est le « best » ! Y’a pas à discuter
Un joyau de littérature russe à lire absolument.